À mes amis de Gauche qui s’apprêtent à se priver de leur liberté de vote ou l’art du vote inutile

La présidentielle de 2017 est critique. La colère et le dégoût des Français sont à leur paroxysme.
Or, la corruption des principaux candidats de droite est sue de tous. Alors qu’un « boulevard » s’ouvrait à droite, la gauche peut paradoxalement arriver au pouvoir.
L’oligarchie est aux abois : l’UE – édifice patiemment construit à son service – est en état végétatif , comme le Brexit le révèle ; depuis plusieurs années le peuple ne vote plus de façon convenable…
Bien que les vieux médias soient aux ordres comme jamais, Internet résiste encore à la censure et à la manipulation orchestrée par les agences de com’.

Certes la fachosphère a su anticiper le déclin des médias en investissant Internet en particulier à partir de 2011, avec l’aide d’agences spécialisées obtenant un succès certain, notamment auprès d’une jeunesse déclassée, mais d’authentiques candidats souverainistes de droite, « sans casserole », eux : François Asselineau et Nicolas Dupont-Aignan sont en position de grignoter le « marché » de Marine LePen. Ces candidats sont peut-être même susceptibles de créer une certaine surprise à droite.

À gauche, pléthore de beaux esprits s’affligent, s’indignent devant cette incapacité à s’unir alors que nos deux protagonistes sont à « 90% d’accord » !… Le tout soutenu par une presse unanime, même Médiapart et Politis : la gauche est face à une chance historique s’il elle sait dépasser cette vilaine et vaine « querelle d’égo »… Pourtant l’arithmétique électorale des voix des uns et des autres ne saurait être purement additive pour des raisons que je me propose d’exposer.

 

Une « petite » divergence irréductible

Le désaccord porte tout d’abord sur l’Union Européenne. En dépit du « pacte de non-agression » officiellement acquis entre nos deux candidats de gauche, Benoît Hamon fait entendre sa différence sans excès de finesse :
https://twitter.com/benoithamon/status/846972908631199745
Contrairement à M. Mélenchon, je ne veux pas d'une Europe qui recule. J'incarne une gauche qui gouverne avec l'Europe. #Télématin

Benoît Hamon incarne une gauche qui gouverne avec l’UE telle qu’elle est, avec ses plus de 60 millions de pauvres

Le mot clé de ce tweet est : « avec » l’UE, c’est-à-dire qu’il n’est pas prêt à remettre en question le fondement même sur lequel s’est construite l’UE mais seulement à poursuivre le mouvement de fédéralisation via en particulier la création d’une assemblée de la zone euro (idée soutenue par François Hollande et améliorée par le conseillé de Hamon, Thomas Piketty)

 

Hamon ment honteusement (à Télématin) en disant que Mélenchon veut "sortir du projet européen". Pauvre Benoît regardes où tu t'abaisses !

Benoît Hamon refuse de remettre en question le principe fondamental du Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE) qu’est le « principe de la concurrence non-faussée » qui interdit toute politique écologique, notamment de lutte contre le réchauffement climatique mais aussi toute politique industrielle pour sortir du productivisme ainsi que de transition énergétique et naturellement, toute remise en question du capitalisme financier…

De même, il refuse toute remise en question du statut de la Banque Centrale Européenne (BCE) pour redonner aux États le pouvoir de création monétaire, unique voie pour libérer du chantage à la dette et du joug des marchés financiers.

Sans la remise en question de ces deux clauses, il est vain d’élire un gouvernement « de gauche » : il ne jouira pas des conditions nécessaires à sa politique et trahira pour une politique néolibérale : celle imposée par le TFUE.

 

Que cache ce bel appel à l’union ?

Sauf erreur de ma part, la constitution de la Ve République ne permet pas un couple de candidater (sic). Avant que les sondages ne changent la donne, il y avait ainsi une belle hypocrisie à appeler à l’union pour mieux cacher une injonction à désistement de Jean-Luc Mélenchon (JLM) en faveur du Parti Socialiste !

Pourtant JLM avait déjà clairement répondu à la demande de Benoît Hamon :

mais surtout, c’était sous-estimer le dynamique mouvement populaire des Insoumis – totalement ignoré des radars médiatiques (y compris de Mediapart ou, naturellement de Politis) – et largement issu de « Nuit debout » qui n’est derrière la candidature de JLM que sous la forme d’un soutient critique et exigeant. Ce mouvement se serait brisé ou serait entré en résistance dès l’instant où un accord avec le Parti Socialiste de Benoît Hamon aurait été passé ; Jean-Luc Mélenchon le sait mieux que personne : sa campagne se serait effondrée nette et tout espoir pour la gauche aurait été perdu.

En effet, il est parfaitement irréaliste d’espérer voir ce mouvement, mutilé dans sa chair par l’usage intensif de grenades à sous-munitions dans les nasses des manifestations légales contre la loi dite El Khomri, sous la responsabilité de Bernard Cazeneuve et du PS, venir se ranger gentiment derrière les politiciens veules et corrompus de ce parti, dont Myriam El Khomri, investie par le PS dans les législatives.
Plot d’une grenade de désencerclement, parfaitement dimensionné pour faire exploser les yeux de manifestants ou pour ouvrir l’artère d’une personne âgée, près de moi dans la nasse de la « Fête nationale » du 1er mai 2016 et qui n’a dû la vie sauve qu’à la présence des « streetmedics » de « Nuit debout ». Le principe des nasses inaugurées par B. Cazeneuve sous l’égide de Manuel Valls est que personne ne puisse en sortir pour quelque motif que ce soit afin de serrer les manifestants le plus possible au moment où les forces de l’ordre leur jettent des grenades à sous-munitions…

 

En outre, les sondages sont biaisés par construction, pour des raisons économiques. Ils n’acquièrent une très relative précision que par le biais de « redressements » établis sur la base des votes lors d’élections officielles… Or Benoît Hamon n’a jamais candidaté à la présidence de la République, son score est ainsi « redressé » sur la base du score de François Hollande en 2012.
Est-ce bien raisonnable ? La France n’a-t-elle pas radicalement changée depuis cette échéance, notamment vis-à-vis du PS ? En sorte que le score de BH est systématiquement surévalué et celui de JLM systématiquement sous-évalué – ce que les études d’audience sur Internet confirment, elles laissent prévoir une surprise lors du 1er tour… En réalité, les sondages ont une très grande incertitude en valeur absolue ; ils ne sont significatifs qu’en tendance
Or, après le débat à cinq sur TF1, plus de 10 millions de Français ont découvert un homme aux antipodes de ce que les « chiens de garde médiatiques » ont forgé : calme, compétent et libre, de son ironie notamment. Depuis, même ces sondages donnent JLM en croissance devant Hamon qui, lui dévisse… Certains récemment place JLM en 2e position :

 

Mais au fait le jeune et sympathique Benoît est-il le « gendre idéal » ?

Interview-Kebab de Benoît Hamon

Entretien approfondi qui révèle la rouerie du candidat à travers un art consommé du contournement des réponses « qui fâchent ».

Mais surtout, Benoît Hamon a voté* la prolongation de l’état d’urgence ainsi que l’escalade sécuritaire qui a provoqué la mort d’un activiste pacifiste à Sivens mais aussi des dizaines de « bavures », et finalement tué un innocent devant ses filles qu’il laisse orphelines :
Un policier abat un assaillant à Paris la famille se défend de toute agression

 

Il a voté (comme François Fillon) entre autre la loi dite « loi sur le Renseignement » qui légalise la pénétration des communications de n’importe quel citoyen, sans le contrôle d’un juge judiciaire et aussi, par exemple de récupérer la liste nominative des manifestants à tout défilé pour quelque motif que ce soit – tout ceci sans contrôle judiciaire**…
Compte tenu de la gravité de cette élection présidentielle, le soutien du Premier ministre Bernard Cazeneuve est un honneur.

Benoît Hamon est fier du soutien de Bernard Cazeneuve dont l’expérience dans l’expulsion des réfugiés érythréens vers le Soudan n’est plus à démontrer… ou bien dans l’expulsion des traducteurs afghans de l’armée française vers les bras des Talibans

On mesure ainsi, derrière les faux-semblants, toutes les compromissions avec les apparatchiks du PS que sa candidature représente…

Au demeurant, il est tellement convaincu de son échec programmé qu’il postule pour la députation dans la 11e circonscription des Yvelines (78) :

 

Le syndrome du 21 avril 2002

D’autres, sous l’emprise de la stratégie de la peur instillée par nos grands éditorialistes, seraient disposés à voter Macron dès le premier tour, mieux armé – c’est démontré more geometrico – pour vaincre la Gorgone frontiste

sans oublier : Manuel Valls, Jean-Yves Le Drian, Daniel Vaillant, etc, qui n’avaient pas encore rejoint un tel « renouveau »…

À supposer que cet artefact de riches campagnes d’agence de com’ puisse duper suffisamment longtemps les Français :

 

ils oublient d’abord qu’il n’est pas nécessaire de sacrifier la gauche pour défaire Marine Le Pen :

Ils oublient ensuite, qu’à voter pour le représentant de l’oligarchie médiatico-financière qui impose toute la politique de l’UE contre les citoyens européens via une litanie de mémorandums, ils prennent de sérieuses options pour un retour de flamme en 2022… Or ce jour-là, il ne faudra plus compter sur Jean-Luc Mélenchon…

Non, l’année 2017 est décisive et il n’y a, à Gauche, qu’un unique vote raisonnable possible…

Emaux
(6 avril 2017 – MAJ le 19 avril 2017)


(*) ou selon les cas n’a pas eu le courage de participer au vote de l’arrêt de la prolongation de l’état d’urgence
(**) Sergio Coronado fut le seul député EELV à s’être rebellé contre cette loi ; il soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon…

2 réflexions sur “À mes amis de Gauche qui s’apprêtent à se priver de leur liberté de vote ou l’art du vote inutile

  1. À toute l’équipe qui a produit ce document, je veux dire que, pour moi, il est contreproductif. Je pensais être certaine de voter J.L. Mélenchon mais vous me feriez douter. Penser qu’il faut être 100% d’accord avec quelqu’un pour travailler ensemble n’est pas, me semble-t-il un fonctionnement démocratique. Il y a dans votre ton une forme de mépris pour tous ce qui n’est pas vous qui me fait peur.
    Cordialement,
    Chantal Pétillot

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    • Chère Chantal,

      Il n’est pas question pour moi (je suis l’unique auteur de ce bien trop court billet) d’exiger un accord de gouvernement « à 100% » avec Benoît Hamon mais tout d’abord de s’entendre un minimum sur les piliers du programme de la « France Insoumise » dont, notamment, la refondation des traités de l’Union Européenne à travers un jeu de plan A / plan B (point 51/52 du programme). Or Benoît Hamon refuse le plan A et plus encore le principe d’un plan B…

      De même il refuse le principe d’une refondation de la 6e République par une Constituante citoyenne pour s’en tenir à une révision constitutionnelle parlementaire par une élite d’experts…

      Enfin, il refuse de penser sa politique internationale hors du cadre militaire du commandement intégré de l’Otan, dévoluant à l’armée française un rôle supplétif de l’armée américaine…

      Cela commence à rendre difficile la négociation à deux mois d’une élection !… Je te rappelle que « L’avenir en commun » a commencé d’être élaboré, il y a plus d’un an pour être validé par une Convention en novembre 2016. Il aurait peut-être mieux valu se soucier de négocier bien avant le mois de mars 2017…

      Mais en outre, il aurait fallu que BH prenne au minimum, de l’indépendance par rapport aux caciques du PS qui ont trahi le programme du PS de 2012 et plus grave, leurs électeurs jusqu’à les mutiler irréversiblement…

      Il est devenu dans ces conditions difficile de leur faire confiance…

      Bien à toi

      Emaux

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